L'ordonnancement urbain des Bourbons
A l'Est du vieux Madrid, étendant leurs possessions sur la prairie du Prado, les Bourbons façonnèrent un autre visage à la capitale, au XVIIIème siècle : la marque du "roi de
la maçonnerie", Charles III, despote éclairé.
Inspiré par les Lumières, Charles III dote sa ville d'influentes institutions et d'un décor affable, sensiblement moins austères que le Vieux Madrid des Autrichiens : ses places
enjolivées de sculptures révèlent une perméabilité aux styles français et italiens. Sa réforme urbanistique s'amorce près du Barrio Hertas, quartier
des Lettres et fief des grands auteurs de l'âge d'or. Au-delà de la Plaza de Cibeles et la Puerta de Atocha, commence le boulevard des Arts autrement désigné comme "Paseo de Prado" et
siège du grand musée d'art éponyme. Avec l'observatoire astrologique et le jardin botanique, ce musée conçu à l'origine pour les sciences faisait partie d'un brillant
ensemble destinée à faire progresser les connaissances et stimuler les changes intellectuels. Cette promenade constitue un " triangle d'or " qui inclut aussi le musée Thyssen-Bornemisa et celui
de la Reine Sofia. A son extrémité nord, fendue par la Calle de Alcala, qui s'étire sous la porte du même nom, la place Cibeles accueille une emblématique fontaine. Modelée
dans le marbre, la déesse de la fertilité y trône sur un char tiré par des lions, tenant un sceptre et les clefs de la ville en ses mains. Plus au sud, le bassin de la Fuente de
Neptuno agrémente la Plaza de Canova avant d'atteindre la Glorieta de Atocha.